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Assemblée Permanente
Type de réunion
Débat et construction

Position du Parti Pirate sur la politique de production énergétique

Tintin - Bibo, npetitdemange

Le Parti Pirate a pu déjà pu se positionner pour une transition énergétique décarbonnée. Cependant, cette motion bien qu’évoquant la volonté d’intégrer fortement le nucléaire dans cette transition ne décidait pas d’un scénario précis à tenir. La présente motion entends donc faire un état des lieux plus complet des besoins et des possibilités de production énergétique décarbonée de la France. Elle s’appuie sur les scenarii établis par RTE, évoque leurs limites et propose une trajectoire préférentielle cohérente avec les positions précédemment prises par le Parti Pirate.

Quel futur énergétique pour la France à l’horizon 2050?

Le changement climatique est un des plus grands défis (si ce n’est le plus grand) auquel nous devons faire face. À ce titre la France doit, comme tous les pays, définir ses axes d’action pour le limiter au maximum et assurer un futur vivable pour les générations actuelles et à venir. Il sera présenté un rapide état des lieux en ce qui concerne la production énergétique française, les différents scenarii envisagés à l’horizon 2050, leurs limites, les possibilités ouvertes à l’heure actuelle en ce qui concerne l’après 2050 sur lesquelles une prise de position rapide doit être actée et quelques conclusions rapides. Les sources seront détaillées en fin de partie

1. État des lieux

À l’heure actuelle, et selon les données disponibles [1], la France possède une production d’énergie parmi les plus décarbonées à l’échelle mondiale sur les dernières années. Certains pics ont dû être absorbés (hiver 2022-2023 par exemple) mais dans l’ensemble la moyenne se situe autours de 45gCO2eq/kWh. Ces bons résultats en terme de production d’énergie s’explique notamment par la part importante du nucléaire, qui représente environ 70% de la production électrique totale de la France. Cependant, l’urgence climatique actuelle impose un changement drastique et rapide des usages de l’énergie, et l’électricité représente moins de 40% de l’énergie finale consommée par les français, largement dominée par la consommation d’énergie fossile (930TWh/an vs 430TWh) [2,3]. Les changements d’usages et l’électrification intensive à venir est d’ores et déjà un défi que la France se doit de relever pour différentes raisons :

  • L’adaptation pour lutter contre le changement climatique. Raison plus qu’évidente au vu de l’urgence climatique
  • Le besoin de production électrique supplémentaire en vu de l’électrification intensive des usages
  • L’indépendance énergétique.

L’ensemble de ces raisons a poussé les différents acteurs de la production et la gestion électrique française à établir différents scenarii envisageables à l’horizon 2050 afin d’aider la prise de décision politique dans le cadre de l’établissement d’une politique publique à long terme de transition énergétique.

2. Les scénarii envisagés et envisageables

Ces différents scenarii ont été établis par RTE [2,3]. Ils agrègent tous le travail au long cours de plusieurs dizaines voire centaines d’équipes scientifique à travers le globe, et nous fournissent des données plus que pertinente dans l’optique d’établir une politique énergétique viable et engagée dans la lutte contre le changement climatique. Cependant, il est également à noter que ces scenarii comprennent un certain nombre d’incertitude, voire manque d’ambition dans la prise en compte de certaines externalités qui pourrait se révéler dommageables à l’avenir.

Les scenarii de production envisagés sont nombreux, et sont tous composés d’une part plus ou moins variable d’ENR et de nucléaire, allant de 100% ENR (M0) à 50% nucléaire 50% ENR (N03) [2,3]. Les scenarii de consommation quant à eux tablent sur plusieurs modification sociétales, notamment sur la structuration industrielle et la consommation énergétique individuelles, avec plusieurs variantes (voir page 16 [2])

Il faut garder à l’esprit que ces scenarii de production et de consommation ne doivent pas être l’unique clef de lecture dans le cadre de l’établissement d’une politique énergétique à long terme. RTE l’a d’ailleurs compris et rappelé dans son rapport. Les besoins techniques d’adaptation réseau, les investissement et retombées économiques, les impacts environnementaux totaux ainsi que les aspects sociétaux doivent être et son pris en compte dans le rapport RTE [2,3].

Les scenarii ne seront pas détaillés dans leur ensemble, le rapport RTE est suffisamment étoffé, complet et facile à lire pour se faire rapidement une idée.

3. Limites

Plusieurs limites sont cependant à noter dans le cadre de ce scenario.

1. Limite sociétale

Tout d’abord, l’acceptation du grand public en ce qui concerne la construction de nouvelles centrales nucléaire est un vrai défi. Les dernières décennies ont été un véritable champ de bataille pour diaboliser le nucléaire, et le grand public est plus que divisé à son sujet. Il faudra veiller à bien rétablir la sûreté nucléaire dans l’imaginaire collectif.

2. Limite environnementales

La deuxième grande limite est bien évidemment environnementale, notamment en ce qui concerne la gestion des déchets. Cette limite est d’ailleurs clairement identifiée et il faudra construire de nouveaux espaces de stockage des déchets nucléaires à la CISGEO dans le futur si l’on souhaite conserver cette trajectoire.

3. Limite méthodologiques et périmétriques

Une des grandes limites qu’on peut reprocher au travail énorme de RTE en la matière serait la prise en compte de l’impact écosystémique. L’emprise au sol est clairement détaillée mais les impacts sont plus diversifiés que la simple emprise. Les éoliennes offshores ont des impacts sur les fonds marins où elles sont installées, les éolienne onshore ont quant à elle des impacts sur les mouvements des masses d’air et peuvent perturber les écosystèmes locaux notamment d’oiseaux, par la création de turbulences importantes dans les flux d’air [7]. Les centrales solaires de grandes étendues privent l’écosystème au sol de lumière naturelle directe, et les centrales nucléaires artificialisent totalement les emplacements dans lesquels elles sont implantées.

Cette limite n’est pas abordée par le rapport RTE, et pour le moment, aucune source ne permet de chiffrer ou d’estimer ces impacts précis.

4. Limite politique

Pour le moment, le seul scénario qui semblerait globalement envisageable en terme de production énergétique et de mix de production est celui comportant 50% de nucléaire. Cependant il faut conserver à l’esprit que la limite de 50% de nucléaire est une décision politique et non scientifique. Cette limite peut être changée si nécessaire, mais l’idéologie ne doit pas être un moteur de cette décision. L’enjeu est trop important pour se laisser dépasser par ses propres convictions, fussent-elles emplies de bonnes intentions.

4. L’après 2050, un horizon à entrevoir dès à présent

Même si les précédentes informations ont vocation a transformer le paysage électrique français, il faut garder à l’esprit que les recherches en cours, notamment en ce qui concerne la fusion nucléaire ont pour vocation d’être de véritable ruptures en matière de production énergétique après 2050 au mieux. Si ces technologies tiennent toutes leurs promesses, il faut prendre en compte dès maintenant la possibilité de les inclure au réseau électrique de manière aisée.

Plus d’information en ce qui concerne ITER et la fusion : [4-5-6]

Par ailleurs, d’autres technologies sont également à l’étude, notamment le développement de petits réacteurs modulaires permettant une implantation rapide et facile dans des zones plus restreintes (on pensera notamment aux outre-mers). Il convient de suivre avec attention ces avancées.

On peut également citer les différentes recherches menées sur les moyens de stockage, comme la production d’hydrogène ou les batteries. Sources

[1] electricitymap, Electricity Maps | Live 24/7 CO₂ emissions of electricity consumption

[2] Rapport synthétique RTE,Futurs énérgétiques 2050 - Principaux résultats, https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-12/Futurs-Energetiques-2050-principaux-resultats.pdf

[3] Rapport complet RTE, Futurs énergétiques 2050, https://assets.rte-france.com/prod/2022-06/Futurs%20énergétiques%202050%20_%20rapport%20complet.zip

[4] ITER organization, Après ITER, L’APRÈS-ITER

[5] ITER, Quand ITER sera-t-il opérationnel, http://www.iter.org/fr/faq#When_will_ITER_be_operational

[6] Orano group, Ce qu’il faut retenir de la fusion, https://www.orano.group/fr/decodage/Fission-et-fusion-nucleaire-ce-qu-il-faut-retenir-Orano

[7] LPO, Éolienne et biodiversité - Synthèse des connaissances sur les impacts et les moyens de les atténuer, https://eolien-biodiversite.com/IMG/pdf/lpo_oncfs_2019.pdf



Quel positionnement pour le Parti Pirate ?

De tous les scénarios proposés par RTE, celui supportant une charge de 50% de production électrique par énergie nucléaire est celui qui mérite le plus d’attention, pour différentes raisons:

  • Il demande le moins d’investissement financier dans le panel de scenarii proposés par RTE (~ 800Mds€ sur 40 ans, 20Mds€/an)
  • Il présente les coûts les plus faible de production à l’horizon 2050-2060
  • Il présente aussi peu d’incertitude quant aux capacités d’adaptation des technologies et des usages
  • Il demande le moins d’investissement dans les flexibilités et la création de capacités de production visant à assurer la sécurité de l’approvisionnement
  • Il permet, grâce aux interconnexions européennes, de contribuer à la décarbonation facile de nos pays voisins par l’export de surplus de production
  • Il demande le moins d’emprise au sol et le moins de mâts d’éolienne parmi tous les scenarii
  • D’un point de vue économique, il assure la position de premier plan de la France dans le secteur de la production énergétique, et permet d’exporter notre savoir faire renouvelé à l’international. Il permet aussi de replacer la France comme destination privilégié des investissements industriels avec une offre électrique peu chère, robuste et conséquente. Les retombées économiques attendues sont donc particulièrement attrayantes.
  • Il génère le moins de flux d’artificialisation des sols par le système électrique entier
  • Il génère le moins de besoin de métaux et autres terres rares parmi tous les scénarii.

Ce scénario est nommé N03 dans les rapports RTe, et suppose un mix composé de 50% de nucléaire (ancien prolongé et nouveau avec EPR2 et SMR) et de 50% d'énergie renouvelable (hydraulique, éolien, solaire).

Les coûts annoncés sont des coûts complet (développement, installation, production, réseau, investissements, exports, recyclage, ...) sur l'ensemble du cycle de vie. Les impacts environnementaux, sociétaux et économiques sont également détaillés dans le rapport.

Proposition 1: Le Parti Pirate supporte ce scénario proposé par RTE en l’absence de nouveaux éléments qui feraient changer la balance. RTE annonce un besoin d'investissement conséquent, de l'ordre de 800Mds d'euros sur 40 ans, soit 20Mds€ par an.

Pour un soutien plein et entier à la filière nucléaire

Dans le cadre du scénario retenu, RTE souligne l’importance du « nouveau nucléaire ». Ceci témoigne du besoin en matière d’innovation, de recherche et de développement exprimé par la filière et le contexte de la production d’énergie électrique.

Dans ce cadre, il convient de soutenir efficacement la filière, que ce soit un soutien pour les entreprises phares du secteur (EDF, RTE, gestionnaires régionaux etc) ou les TPE/PME qui travaillent sur des technologies de rupture en la matière. Ce soutien permet d'une part d'assurer la captation du savoir faire industriel, et d'autre part d'assurer la souveraineté française sur sa gestion de la production électrique nationale. Par ailleurs, les différentes incursions de l'appareil politique dans les différents projets d'avenir engagés par les acteurs du secteur ont été perçu par beaucoup comme un coup d'arrêt non nécessaire voire dommageable, alors que ces technologies apparaissent nécessaires (les exemples des projets Astrid et SuperPhénix sont suffisamment éloquents), et ont demandé des investissements publics qui se révèlent de fait, non rentables.

Proposition 2: Le Parti Pirate préconise de ne pas interférer dans la gestion des projets de la filière nucléaire (comme pour Astrid ou SuperPhénix). Il apporte également son soutien aux acteurs de la filière qui s’engage dans une voie de recherche, innovation et développement de technologies de ruptures nécessaires (EPR2, SMR, etc).

Pour un soutien à la recherche

L’enjeu de la transition écologique est immense. Le secteur de la recherche (publique ou privée) l’a très bien compris et anticipé, et d’immense projets se sont développés à travers le globe notamment pour préparer la future forme de production d’énergie, la fusion nucléaire en tête avec le projet ITER. La France peut se targuer d’accueillir sur son sol un projet scientifique international de cette envergure. Il faut continuer le soutien à la recherche, que ce soit dans ces projets spécifiques ou d’autres projets plus humbles mais également prometteurs.

Proposition 3: Le Parti Pirate préconise un soutien plein et entier à la recherche scientifique quel qu’en soit le domaine. La recherche doit permettre de dépasser les limites technologiques et techniques actuelles pour nous aider dans la réussite de la transition énergétique, et doit être soutenue en ce sens.

Pour une dédiabolisation et une non sanctuarisation du nucléaire

Le sujet de la production d’électricité par énergie nucléaire est un des sujets les plus clivants de ces dernières années. L’opinion publique est fortement polarisée à ce sujet. Il convient de restaurer la clarté, la nuance et la sûreté de cette filière si importante.

Dans ce cadre, le politique a un rôle clef à jouer. Il est certain que la plupart des projets de ce type seront bien mieux acceptés dans l’opinion publique si d’une part les débats sont plus apaisés à son sujet, et si d’autre part les motivations des investissements publics sont clairement exposées, argumentées et étayées, de manière transparente.

Proposition 4: Le Parti Pirate se positionne en faveur d’une politique d’information claire, objective et informative sur la filière nucléaire et ses satellites. Cette politique d'information devra permettre à chaque citoyen de s'informer efficacement, de répondre à ses interrogations et d'apaiser les tensions qui existent sur le secteur.


5 arguments

  • Congressus
    le 11/07/2024 à 12:26

    Exposé des motifs

    Le Parti Pirate a pu déjà pu se positionner pour une transition énergétique décarbonnée. Cependant, cette motion bien qu’évoquant la volonté d’intégrer fortement le nucléaire dans cette transition ne décidait pas d’un scénario précis à tenir.
    La présente motion entends donc faire un état des lieux plus complet des besoins et des possibilités de production énergétique décarbonée de la France. Elle s’appuie sur les scenarii établis par RTE, évoque leurs limites et propose une trajectoire préférentielle cohérente avec les positions précédemment prises par le Parti Pirate.

    Quel futur énergétique pour la France à l’horizon 2050?

    Le changement climatique est un des plus grands défis (si ce n’est le plus grand) auquel nous devons faire face. À ce titre la France doit, comme tous les pays, définir ses axes d’action pour le limiter au maximum et assurer un futur vivable pour les générations actuelles et à venir.
    Il sera présenté un rapide état des lieux en ce qui concerne la production énergétique française, les différents scenarii envisagés à l’horizon 2050, leurs limites, les possibilités ouvertes à l’heure actuelle en ce qui concerne l’après 2050 sur lesquelles une prise de position rapide doit être actée et quelques conclusions rapides. Les sources seront détaillées en fin de partie

    1. État des lieux

    À l’heure actuelle, et selon les données disponibles [1], la France possède une production d’énergie parmi les plus décarbonées à l’échelle mondiale sur les dernières années. Certains pics ont dû être absorbés (hiver 2022-2023 par exemple) mais dans l’ensemble la moyenne se situe autours de 45gCO2eq/kWh. Ces bons résultats en terme de production d’énergie s’explique notamment par la part importante du nucléaire, qui représente environ 70 Pourcents de la production électrique totale de la France. Cependant, l’urgence climatique actuelle impose un changement drastique et rapide des usages de l’énergie, et l’électricité représente moins de 40 Pourcents de l’énergie finale consommée par les français, largement dominée par la consommation d’énergie fossile (930TWh/an vs 430TWh) [2,3]. Les changements d’usages et l’électrification intensive à venir est d’ores et déjà un défi que la France se doit de relever pour différentes raisons :

    • L’adaptation pour lutter contre le changement climatique. Raison plus qu’évidente au vu de l’urgence climatique
    • Le besoin de production électrique supplémentaire en vu de l’électrification intensive des usages
    • L’indépendance énergétique.

    L’ensemble de ces raisons a poussé les différents acteurs de la production et la gestion électrique française à établir différents scenarii envisageables à l’horizon 2050 afin d’aider la prise de décision politique dans le cadre de l’établissement d’une politique publique à long terme de transition énergétique.

    2. Les scénarii envisagés et envisageables

    Ces différents scenarii ont été établis par RTE [2,3]. Ils agrègent tous le travail au long cours de plusieurs dizaines voire centaines d’équipes scientifique à travers le globe, et nous fournissent des données plus que pertinente dans l’optique d’établir une politique énergétique viable et engagée dans la lutte contre le changement climatique. Cependant, il est également à noter que ces scenarii comprennent un certain nombre d’incertitude, voire manque d’ambition dans la prise en compte de certaines externalités qui pourrait se révéler dommageables à l’avenir.

    Les scenarii de production envisagés sont nombreux, et sont tous composés d’une part plus ou moins variable d’ENR et de nucléaire, allant de 100 Pourcents ENR (M0) à 50 Pourcents nucléaire 50 Pourcents ENR (N03) [2,3].
    Les scenarii de consommation quant à eux tablent sur plusieurs modification sociétales, notamment sur la structuration industrielle et la consommation énergétique individuelles, avec plusieurs variantes (voir page 16 [2])

    Il faut garder à l’esprit que ces scenarii de production et de consommation ne doivent pas être l’unique clef de lecture dans le cadre de l’établissement d’une politique énergétique à long terme. RTE l’a d’ailleurs compris et rappelé dans son rapport. Les besoins techniques d’adaptation réseau, les investissement et retombées économiques, les impacts environnementaux totaux ainsi que les aspects sociétaux doivent être et son pris en compte dans le rapport RTE [2,3].

    Les scenarii ne seront pas détaillés dans leur ensemble, le rapport RTE est suffisamment étoffé, complet et facile à lire pour se faire rapidement une idée.

    3. Limites

    Plusieurs limites sont cependant à noter dans le cadre de ce scenario.

    1. Limite sociétale

    Tout d’abord, l’acceptation du grand public en ce qui concerne la construction de nouvelles centrales nucléaire est un vrai défi. Les dernières décennies ont été un véritable champ de bataille pour diaboliser le nucléaire, et le grand public est plus que divisé à son sujet. Il faudra veiller à bien rétablir la sûreté nucléaire dans l’imaginaire collectif.

    **2. Limite environnementales**
    

    La deuxième grande limite est bien évidemment environnementale, notamment en ce qui concerne la gestion des déchets. Cette limite est d’ailleurs clairement identifiée et il faudra construire de nouveaux espaces de stockage des déchets nucléaires à la CISGEO dans le futur si l’on souhaite conserver cette trajectoire.

    3. Limite méthodologiques et périmétriques

    Une des grandes limites qu’on peut reprocher au travail énorme de RTE en la matière serait la prise en compte de l’impact écosystémique. L’emprise au sol est clairement détaillée mais les impacts sont plus diversifiés que la simple emprise. Les éoliennes offshores ont des impacts sur les fonds marins où elles sont installées, les éolienne onshore ont quant à elle des impacts sur les mouvements des masses d’air et peuvent perturber les écosystèmes locaux notamment d’oiseaux, par la création de turbulences importantes dans les flux d’air [7].
    Les centrales solaires de grandes étendues privent l’écosystème au sol de lumière naturelle directe, et les centrales nucléaires artificialisent totalement les emplacements dans lesquels elles sont implantées.

    Cette limite n’est pas abordée par le rapport RTE, et pour le moment, aucune source ne permet de chiffrer ou d’estimer ces impacts précis.

    4. Limite politique

    Pour le moment, le seul scénario qui semblerait globalement envisageable en terme de production énergétique et de mix de production est celui comportant 50 Pourcents de nucléaire. Cependant il faut conserver à l’esprit que la limite de 50 Pourcents de nucléaire est une décision politique et non scientifique. Cette limite peut être changée si nécessaire, mais l’idéologie ne doit pas être un moteur de cette décision. L’enjeu est trop important pour se laisser dépasser par ses propres convictions, fussent-elles emplies de bonnes intentions.

    4. L’après 2050, un horizon à entrevoir dès à présent

    Même si les précédentes informations ont vocation a transformer le paysage électrique français, il faut garder à l’esprit que les recherches en cours, notamment en ce qui concerne la fusion nucléaire ont pour vocation d’être de véritable ruptures en matière de production énergétique après 2050 au mieux. Si ces technologies tiennent toutes leurs promesses, il faut prendre en compte dès maintenant la possibilité de les inclure au réseau électrique de manière aisée.

    Plus d’information en ce qui concerne ITER et la fusion : [4-5-6]

    Par ailleurs, d’autres technologies sont également à l’étude, notamment le développement de petits réacteurs modulaires permettant une implantation rapide et facile dans des zones plus restreintes (on pensera notamment aux outre-mers). Il convient de suivre avec attention ces avancées.

    On peut également citer les différentes recherches menées sur les moyens de stockage, comme la production d’hydrogène ou les batteries.
    Sources

    [1] electricitymap, Electricity Maps | Live 24/7 CO₂ emissions of electricity consumption
    [2] Rapport synthétique RTE,Futurs énérgétiques 2050 - Principaux résultats, https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-12/Futurs-Energetiques-2050-principaux-resultats.pdf
    [3] Rapport complet RTE, Futurs énergétiques 2050, https://assets.rte-france.com/prod/2022-06/Futurs Pourcents20énergétiques Pourcents202050 Pourcents20_ Pourcents20rapport Pourcents20complet.zip
    [4] ITER organization, Après ITER, L’APRÈS-ITER
    [5] ITER, Quand ITER sera-t-il opérationnel, http://www.iter.org/fr/faq#When_will_ITER_be_operational
    [6] Orano group, Ce qu’il faut retenir de la fusion, Fission nucléaire et fusion nucléaire - ce qu’il faut retenir | Orano
    [7] LPO, Éolienne et biodiversité - Synthèse des connaissances sur les impacts et les moyens de les atténuer, https://eolien-biodiversite.com/IMG/pdf/lpo_oncfs_2019.pdf

    Contenu de la proposition

    Quel positionnement pour le Parti Pirate ?

    De tous les scénarios proposés par RTE, celui supportant une charge de 50 Pourcents de production électrique par énergie nucléaire est celui qui mérite le plus d’attention, pour différentes raisons:

    • Il demande le moins d’investissement financier dans le panel de scenarii proposés par RTE (~ 800Mds€ sur 40 ans, 20Mds€/an)
    • Il présente les coûts les plus faible de production à l’horizon 2050-2060
    • Il présente aussi peu d’incertitude quant aux capacités d’adaptation des technologies et des usages
    • Il demande le moins d’investissement dans les flexibilités et la création de capacités de production visant à assurer la sécurité de l’approvisionnement
    • Il permet, grâce aux interconnexions européennes, de contribuer à la décarbonation facile de nos pays voisins par l’export de surplus de production
    • Il demande le moins d’emprise au sol et le moins de mâts d’éolienne parmi tous les scenarii
    • D’un point de vue économique, il assure la position de premier plan de la France dans le secteur de la production énergétique, et permet d’exporter notre savoir faire renouvelé à l’international. Il permet aussi de replacer la France comme destination privilégié des investissements industriels avec une offre électrique peu chère, robuste et conséquente. Les retombées économiques attendues sont donc particulièrement attrayantes.
    • Il génère le moins de flux d’artificialisation des sols par le système électrique entier
    • Il génère le moins de besoin de métaux et autres terres rares parmi tous les scénarii.

    Ce scénario est nommé N03 dans les rapports RTe, et suppose un mix composé de 50 Pourcents de nucléaire (ancien prolongé et nouveau avec EPR2 et SMR) et de 50 Pourcents d’énergie renouvelable (hydraulique, éolien, solaire).

    Les coûts annoncés sont des coûts complet (développement, installation, production, réseau, investissements, exports, recyclage, …) sur l’ensemble du cycle de vie. Les impacts environnementaux, sociétaux et économiques sont également détaillés dans le rapport.

    Proposition 1: Le Parti Pirate supporte ce scénario proposé par RTE en l’absence de nouveaux éléments qui feraient changer la balance. RTE annonce un besoin d’investissement conséquent, de l’ordre de 800Mds d’euros sur 40 ans, soit 20Mds€ par an.

    Pour un soutien plein et entier à la filière nucléaire

    Dans le cadre du scénario retenu, RTE souligne l’importance du « nouveau nucléaire ». Ceci témoigne du besoin en matière d’innovation, de recherche et de développement exprimé par la filière et le contexte de la production d’énergie électrique.

    Dans ce cadre, il convient de soutenir efficacement la filière, que ce soit un soutien pour les entreprises phares du secteur (EDF, RTE, gestionnaires régionaux etc) ou les TPE/PME qui travaillent sur des technologies de rupture en la matière.
    Ce soutien permet d’une part d’assurer la captation du savoir faire industriel, et d’autre part d’assurer la souveraineté française sur sa gestion de la production électrique nationale.
    Par ailleurs, les différentes incursions de l’appareil politique dans les différents projets d’avenir engagés par les acteurs du secteur ont été perçu par beaucoup comme un coup d’arrêt non nécessaire voire dommageable, alors que ces technologies apparaissent nécessaires (les exemples des projets Astrid et SuperPhénix sont suffisamment éloquents), et ont demandé des investissements publics qui se révèlent de fait, non rentables.

    _
    Proposition 2:_ Le Parti Pirate préconise de ne pas interférer dans la gestion des projets de la filière nucléaire (comme pour Astrid ou SuperPhénix). Il apporte également son soutien aux acteurs de la filière qui s’engage dans une voie de recherche, innovation et développement de technologies de ruptures nécessaires (EPR2, SMR, etc).

    Pour un soutien à la recherche

    L’enjeu de la transition écologique est immense. Le secteur de la recherche (publique ou privée) l’a très bien compris et anticipé, et d’immense projets se sont développés à travers le globe notamment pour préparer la future forme de production d’énergie, la fusion nucléaire en tête avec le projet ITER. La France peut se targuer d’accueillir sur son sol un projet scientifique international de cette envergure. Il faut continuer le soutien à la recherche, que ce soit dans ces projets spécifiques ou d’autres projets plus humbles mais également prometteurs.

    _
    Proposition 3:_ Le Parti Pirate préconise un soutien plein et entier à la recherche scientifique quel qu’en soit le domaine. La recherche doit permettre de dépasser les limites technologiques et techniques actuelles pour nous aider dans la réussite de la transition énergétique, et doit être soutenue en ce sens.

    Pour une dédiabolisation et une non sanctuarisation du nucléaire

    Le sujet de la production d’électricité par énergie nucléaire est un des sujets les plus clivants de ces dernières années. L’opinion publique est fortement polarisée à ce sujet.
    Il convient de restaurer la clarté, la nuance et la sûreté de cette filière si importante.

    Dans ce cadre, le politique a un rôle clef à jouer. Il est certain que la plupart des projets de ce type seront bien mieux acceptés dans l’opinion publique si d’une part les débats sont plus apaisés à son sujet, et si d’autre part les motivations des investissements publics sont clairement exposées, argumentées et étayées, de manière transparente.

    Proposition 4: Le Parti Pirate se positionne en faveur d’une politique d’information claire, objective et informative sur la filière nucléaire et ses satellites. Cette politique d’information devra permettre à chaque citoyen de s’informer efficacement, de répondre à ses interrogations et d’apaiser les tensions qui existent sur le secteur.


    Lien vers Congressus : Congressus : Session Septembre 2024 - Assemblée Permanente - Position du Parti Pirate sur la politique de production énergétique

        Rapporteur : @Tintin
  • _OV
    le 05/09/2024 à 09:46

    C’est un point de divergence majeur entre le Parti Pirate et mes propres convictions. Je bloque sur 2 problèmes sur lequel on ne m’a jamais convaincu : le nucléaire est la seule filière qui a des coûts en constante augmentation à la différence de toutes les autres filières & comment fait-on pour les anciennes centrales qui sont en bord de cours d’eau lorsque ces cours seront à sec.
    source coût du MWh WNSIR LCOE : The World Nuclear Industry Status Report 2022 (HTML)

  • JEROME_N
    le 05/09/2024 à 10:18

    Coûts

    Je ne sais pas si c’est vrai, mais je n’ai aucune raison d’en douter. Par contre, je ne sais pas exactement ce que tu entends par « autres filières ». Si ces dernières incluent les énergies fossiles, alors oui, les énergies bas carbone (nucléaire inclus) coûtent plus cher. On aimerait tous avoir accès à une énergie abondante, bas carbone, pilotable et peu chère, mais malheureusement, ce n’est pas le cas.

    L’Allemagne, qui a choisi de se passer du nucléaire, a clairement raté sa transition énergétique et, de ce que j’ai compris, la situation ne semble pas prête de s’améliorer.
    Je te mets un extrait du site electricitymap pour mesurer l’ampleur du désastre…

    Sécheresse

    Oui, l’adaptation au dérèglement climatique est un enjeu réel, et les autres énergies bas carbone souffrent également en période de forte chaleur.

    Cependant :

    • en été, la demande énergétique est moindre.
    • Toutes les énergies bas carbone sont affectées par la chaleur estivale.
    • de multiples solutions existent et sont à étudier pour mieux adapter les centrales nucléaires.
    certaines d'entre elles tournent en plein désert aux USA par exemple)

    Une centrale nucléaire bien connue qui fonctionne dans des conditions désertiques est la centrale de Palo Verde située en Arizona, aux États-Unis. C’est la plus grande centrale nucléaire des États-Unis, et elle est située dans une région aride, ce qui en fait un bon exemple d’adaptation des centrales nucléaires à des environnements chauds et secs. Palo Verde utilise de l’eau recyclée provenant des eaux usées traitées de la région pour son refroidissement, une solution innovante pour opérer dans un environnement désertique.

    Conclusion

    Le nucléaire n’est pas une solution parfaite. Mais, lorsqu’il s’agit de produire une énergie abondante, pilotable, bas carbone et à grande échelle, seules le nucléaire et l’hydraulique remplissent ces critères.

    Pour moi, il est inconcevable de continuer à défendre des solutions où la pilotabilité des modes de production repose sur les énergies fossiles.

  • estya
    le 07/09/2024 à 15:30

    ça coûte pourtant de plus en plus cher de trouver du pétrole et d’aller chercher le charbon bien profond. et avec la dispo des matières premières, ça risque de coûter encore plus cher en approvisionnement pour monter des panneaux solaires ou des éoliennes. il en faudra moins pour ajouter des réacteurs dans des centrales existantes.

  • Be1664
    le 08/09/2024 à 18:07

    Du coup le but est de mettre en avant une des différentes propositions ?

    Je les trouve relativement complémentaire.

    Si vous avez du temps j’avais trouvé cette intervention assez intéressante sur le podcast greenletter club :

    A titre perso la clé est dans la mixité. Et je pense sincèrement que pour la production d’énergie les efforts doivent se concentrer sur la recherche dans l’ensemble des domaines afin d’optimiser l’ensemble.

    Au niveau politique, sociologique il serait intéressant de voir les endroits où il est possible d’économiser l’utilisation de l’énergie. Si de tels endroits existent.

    Sans parler aussi de l’essor que pourrait connaître certaines industries au niveau du stockage d’énergie. On a par exemple ce qui me semble une politique ambitieuse dans les hauts de France : Vallée de la batterie — Wikipédia

    Donc je ne sais pas la proposition ne serait pas plutôt d’étudier et d’avancer tout ce qui peut réduire l’énergie fossile à son utilisation la plus minimale là où elle n’est pas remplaçable, et d’étudier les options financières pour que les coûts du marchés puissent se balancer favorablement pour l’environnement avec un maximum d’énergies « neutres » ?

    J’ai peu être pas le bon vocabulaire désolé.


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