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Débat et construction

Un vrai statut pour les AÉSH

Emanuelo - Ferguson, Thufir, dudjima, feletan, Mjiz, jarran29

Les AÉSH (Accompagnants des élèves en situation de handicap) sont des personnels de l’Éducation nationale chargés d’assister les élèves handicapés lors de leur scolarité. Créés en 2014 et faisant suite aux Auxiliaires de vie scolaire (AVS), ils s’occupent d’élèves scolarisés en classe spécialisée (par exemple en Unité localisée pour l’inclusion scolaire, ULIS) ou ordinaire. Leur rôle est essentiel, et leur présence est très souvent la condition même de la scolarisation de certains enfants. Elle permet la socialisation et l’autonomisation des élèves. Or, le statut actuel des AÉSH est l’un des plus précaires de l’Éducation nationale : il n’existe pas de statut pour eux. Le parcours « normal » d’un AÉSH est de signer un Contrat à durée déterminée de 3 ans renouvelable une fois : au bout de 6 ans, le personnel est sensé être recruté en Contrat à durée indéterminée, contrat qui sera modifié régulièrement par des avenants qu’il est difficile voire impossible de refuser, pour un salaire très faible. Mais à aucun moment possibilité lui est faite de devenir fonctionnaire, il restera tant qu’il demeure AÉSH agent non-titulaire de la fonction publique. De plus, dans la grande majorité des cas, les AÉSH ne se voient offrir que des temps partiels, alors que la demande est forte et non-pourvue. Comme très souvent pour les métiers précaires peu rémunérés à temps partiel, la profession est grandement féminisée. La formation initiale de 60 heures n’est pas accompagnée d’une formation continue suffisante.


  • Création d’un statut d’AÉSH de catégorie B qui prend en compte le « travail invisible » (réunions, adaptation des apprentissages, … sur le modèle des personnels enseignants) et de la pénibilité (et donc versement d’indemnités pour les personnels travaillant en Réseau d’éducation prioritaire, RÉP, et Réseau d’éducation prioritaire renforcé, RÉP+). La catégorie B permet d’assurer à la fois une rémunération décente, notamment en cas de temps partiel choisi, et une certaine autonomie pédagogique (essentiellement par l'adaptation du cours du professeur, via par exemple une transformation des polycopiés) à l’AÉSH. Un nombre de postes important devra être réservé à la « troisième voie », permettant à des personnes n’ayant pas le baccalauréat mais une certaine expérience dans l’éducation d’enfants en situation de handicap d’être reçues au concours.
  • Généralisation du temps plein choisi.
  • Réforme complète des Pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) pour faire du suivi individuel la norme en classe ordinaire, tout en gardant l’aspect collectif de l’organisation du suivi.
  • Mise en place d’une formation initiale et continue de qualité et qualifiante.
  • Et, dans l’attente de la mise en place du statut, revalorisation immédiate et importante des salaires, au minimum de 10% à tous les échelons.

5 arguments pour

  • Buisson Vincent
    le 08/06/2019 à 08:56

    Le suivi des élèves en situation de handicap nécessite des personnes motivées et assurées de poursuivre les missions commencées. Les AESH, à mesure de leur intervention, acquièrent sur le tas des compétences très appréciables, une expertise qui permet aux enseignants de beaucoup mieux comprendre les problèmes spécifiques des élèves aidés. La possibilité de perdre cette expertise du simple fait de non-renouvellement d'un contrat est une absurdité trop courante dans l'ednat.

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  • sebiseb
    le 09/06/2019 à 18:38

    Sur le principe je suis d'accord, mais il y a des mesures un peu plus compliqué à tenir comme la généralisation du temps plein choisi. C'est une bonne intention, mais c'est dans la réalité moins simple qu'il n'y paraît. La motion ne s'inscrit pas dans un contexte plus globale et pourtant nécessaire de réforme des intervenants "parascolaire" dans l'école. Et c'est à mon avis le point de départ nécessaire.

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  • Mouguche
    le 10/06/2019 à 12:09

    J'aime bien l'idée de la création du statut dans la fonction publique.

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  • jarran29
    le 13/06/2019 à 21:09

    La reconnaissance du travail est nécessaire, mais AMHA on ne traite là qu'une petite facette du problème. Avis mitigé sur ce point précis mais qui s'inscrit dans un avis favorable plus global.

  • Emanuelo
    le 16/06/2019 à 18:51

    On ne traite clairement que d'une petite partie du problème. Mais il faut y aller un pas à la fois ! Zazaa avait commencé à travailler sur la suite, un autre article viendra.

  • zazaa
    le 14/06/2019 à 17:50

    L'aspect formation qualifiante initiale et continue est important. Elle s'applique aux AESH mais aussi à tout le personnel. Quelques exemples :

    • La langue des signes : les cours sont en général donnés par des sourds. Former le personnel d'un établissement qui accueille un enfant sourd, c'est créer de l'emploi pour des personnes sourdes, mais aussi donner un diplôme (attestation de suivi + niveau).
    • Des conférences sont organisées sur des thèmes comme la dyslexie, la précocité, l'autisme. C'est souvent à l'initiative des parents, mais ça peut l'être de la part de l'IEN. Encore faut-il que les enseignants et AESH soient autorisés à quitter leur classe pour s'y rendre.
    • L'utilisation d'outils numériques, qu'ils soient spécifiques au handicap (synthèse vocale) ou plus généraux (apprendre à taper vite au clavier pour prendre des notes)

5 arguments contre

  • filou
    le 07/06/2019 à 14:51

    Tu soulèves un problème, parmi d'autres, concernant l'Education Nationale, mais je trouve que tes propositions s'apparentent plus à des revendications.

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  • Emanuelo
    le 07/06/2019 à 15:40

    Que veux-tu dire ? Tu trouves cela irréaliste ?

  • Mouguche
    le 15/06/2019 à 11:34

    Je rejoins Filou il aurait été plus pertinent de partir des besoins des enfants en situation de handicap pour aboutir à un statut et un champ de compétences des accompagnants, se focaliser sur la fonction plutôt que sur les fonctionnaires en claire.

  • filou
    le 08/06/2019 à 17:38

    Je comprends le problème humain qui existe dans la fonction publique.On trouve des vacataires, des stagiaires, et d’autres personnes sans réel statut ou contrat qui travaillent dans des conditions déplorables. Les propositions d’augmentations de salaire, d’indice, de titularisation, d’aménagement du temps de travail sont demandées par tous les syndicats public ou privé ( les entreprises ont bien le CICE ) Ces propositions vont elles permettre aux enfants handicapés de trouver un établissement à proximité de chez eux, aux patients de trouver un hôpital ou une maternité à moins de 50 km ? La fonction publique est une « usine à gaz » et de trop nombreux statuts précaires contribuent à la faire fonctionner dont les AESH font partis. Je préférerais des propositions plus « globales », sur les statuts de la fonction publique qui pourraient s’intégrer à une refonte de la fonction publique que chaque gouvernement tente mettre en place.

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  • sebiseb
    le 09/06/2019 à 18:40

    😊 D'où mon vote 30 Pour ; 40 Mitigé ; 30 Contre

  • Emanuelo
    le 10/06/2019 à 14:06

    Ces propositions vont elles permettre aux enfants handicapés de trouver un établissement à proximité de chez eux, aux patients de trouver un hôpital ou une maternité à moins de 50 km ?

    Pour ces autres sujets je ne sais pas, mais la création d'un statut pour les AÉSH pourrait bel et bien participer du règlement des problèmes qu'ont les élèves handicapés et leurs familles dans l'école républicaine. La réforme des PIAL aura un effet évident, un statut correct attirera les personnes qualifiées et résorbera le manque d'AÉSH, la qualification elle-même améliorera les pratiques, le statut B assurera une liberté pédagogique et donc l'efficacité de l'AÉSH, ...

    Je suis d'accord : la fonction publique mérite bien des réformes. Mais il faut bien commencer quelque part, et le programme est en évolution constante.

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  • Mouguche
    le 10/06/2019 à 12:01

    Concernant le temps plein choisi, j'ai bien peur que dans la réalité ce soit très dur à vérifier mettre en place.

  • Emanuelo
    le 10/06/2019 à 14:07

    Pourquoi ?

  • Mouguche
    le 15/06/2019 à 11:02

    Rien dans la proposition de permet de comprendre comment fonctionnera le contrôle de l'application de ce point. Comment évalue-tu que les temps incomplets auront été choisi?

  • Mouguche
    le 10/06/2019 à 12:07

    "Un nombre de postes important devra être réservé à la « troisième voie », permettant à des personnes n’ayant pas le baccalauréat mais une certaine expérience dans l’éducation d’enfants en situation de handicap d’être reçues au concours." => Je ne vois pas l'intérêt de réserver des postes si un dispositif de formation initiale et continue est mis en place, ce serait à mon sens, plus pertinent de définir un quota de formation continue dans les promotions

  • Emanuelo
    le 10/06/2019 à 13:38

    Ce point résulte des discussions qu'on a eues avant que je publie la motion, quand on m'a fait remarquer que la catégorie B posait un frein pour des personnes n'ayant pas de diplôme de niveau IV, mais qui auraient l'expérience pour être d'excellent·e·s AÉSH. Je connais un peu le monde des établissements médico-sociaux, j'ai fait éducateur en IME comme job d'été, et plusieurs membres de ma famille travaillent en MAS, donc dans des structures qui accueillent à plein temps des enfants et des adultes avec de très lourds handicaps (troubles du spectre de l'autisme, polyhandicaps, maladies génétiques dégénératives, ...). Et je peux dire qu'il y a d'excellent·e·s aides médico-psychologiques, et qui font parfois un bien meilleur travail que certain·e·s éducateur·trice·s spécialisé·e·s, malgré un plus grand niveau d'étude et une formation plus poussée. Je voudrais permettre au métier d'AÉSH d'être aussi un tremplin pour ces personnes.

  • Mouguche
    le 15/06/2019 à 11:19

    Je maintiens qu'un allègement du cursus ou une VAE (ce qui existe déjà soit dit en passant) serait plus pertinent. Pour être moi même dans le médico-social, je connais bien la gueguerre qui oppose les AS/AMP/AES aux IDE/EDUC spé, elle découle plus d'une méconnaissance des postes qui bien que se regroupant sur certains aspects on des attentes et nécessite des compétences bien différentes. Il est vrai que l’expérience peut apporter des savoir faire et être précieux, mais ne suffit pas à en attester, la formation dans ce cas là permettrait d’étayer les connaissances acquises intuitivement au fil de l'eau à un socle théorique.

  • carolineb
    le 10/06/2019 à 15:35

    Dans l'absolu, je souhaite qu'il y ait une vraie reconnaissance pour ce métier. Il faut des personnes motivées certes, mais surtout compétentes et formées. De plus, le métier d'AÉSH pose le problème de l'accueil d'enfants en situation de handicap dans nos écoles et la France ne se donne pas les moyens pour accueillir tous les enfants. Cependant, je ne suis pas complètement d'accord avec ce qui est proposé. Le travail invisible n'est pas réellement pris en compte pour le personnel enseignant, ce serait dommage de se calquer sur un modèle qui ne fonctionne pas. Je suis d'avis par contre qu'il y ait de la formation continue obligatoire et rémunérée. Quand tu parles d'une liberté pédagogique de l'AÉSH, ce serait bien de définir cette "liberté pédagogique". Le but, quand même c'est que l'enfant puisse suivre le cours de son professeur. Si l'AÉSH ne suit pas le méthode de l'enseignant, l'enfant est très vite perdu. Je suis désolée, mais là, j'ai envie de m'étrangler. En tant qu'enseignante, j'ai vu de tout chez les AVS, et il vaut mieux une méthode homogène que trop de liberté. Après, je suis comme Filou, j'ai plus l'impression d'avoir devant mes yeux des revendications syndicales que des points d'un programme politique. Le vrai combat que nous devons mener est celui de l'intégration de tous les enfants dans nos écoles avant des revendications salariales individuelles.

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  • Emanuelo
    le 11/06/2019 à 13:20

    À part le dernier point, qui est supprimable s'il est gênant, je ne trouve pas que ce point de programme nous éloignerait de notre objectif qui est, tu as raison "l'intégration de tous les enfants dans nos écoles". Il ne s'agit pas de simples revendications individuelles, mais bel et bien d'un moyen, insuffisant on est d'accord, mais néanmoins nécessaire, pour intégrer mieux les élèves à besoins spécifiques. Je copie-colle ce que j'ai répondu à Filou :

    La réforme des PIAL aura un effet évident, un statut correct attirera les personnes qualifiées et résorbera le manque d'AÉSH, la qualification elle-même améliorera les pratiques, le statut B assurera une liberté pédagogique et donc l'efficacité de l'AÉSH, ...

    Le but de cette motion n'est pas uniquement d'améliorer le sort des AÉSH, même si je ne nie pas que ce soit un point pour moi important. Je ne vois pas le problème qu'il y a à donner des conditions de travail décentes, c'est aussi le rôle du politique : changer les conditions réelles d'existence.

    Pour la liberté pédagogique, on est en fait raccord, mais c'est peut-être quelque chose à clarifier. L'enseignant est de catégorie A, l'AÉSH serait de catégorie B : l'AÉSH serait donc un cran hiérarchique sous l'enseignant, il ne s'agit pas de faire une "contre-classe" comme certains font des contre-soirées. Simplement, avec une formation correcte, l'AÉSH serait capable intellectuellement de prendre quelques décisions. Peut-être devrais-je parler plutôt d'autonomie pédagogique que de liberté pédagogique. L'AÉSH pourrait prendre sur lui par exemple de résumer un cours reçu en ODT, de modifier la mise en page des documents distribués à la classe, de rajouter des notes explicatives sur certains mots, ... pour rendre le cours plus accessible, libérant aussi du temps pour le professeur. L'enseignant aurait l'autorité hiérarchique pour limiter au besoin cette autonomie.

    Et je considère qu'une formation correcte éviterait plus qu'un carcan administratif les "déviations" que l'on peut effectivement voir à l'œuvre chez certains AÉSH.

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  • carolineb
    le 13/06/2019 à 21:17

    En effet, je préfère le terme d'autonomie pédagogique.

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  • Emanuelo
    le 14/06/2019 à 14:03

    C'est vrai, je modifie.


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